
Beaucoup de photographes publient leurs images sur leur site web ou sur les réseaux sociaux sans vraiment se soucier de leur protection, les exposant ainsi au risque d’être copiées ou détournées par des « voleurs d’images ».
Si cela ne porte pas à conséquence quand il s’agit de réutilisations personnelles ou confidentielles, cela devient plus problématique quand il s’agit de sites commerciaux ou d’influenceurs qui les reprennent à leur compte pour faire « leur beurre » sur le travail d’autrui.
Comment dissuader certains visiteurs « d’emprunter » vos images sur votre site, ou directement dans les résultats d’un moteur de recherche, pour les réutiliser ailleurs sur internet ?
Dans ce premier tutoriel de notre dossier consacré au vol d’images sur internet, proposé par le studio de création A Kom Z, vous trouverez 5 actions de base à effectuer sur vos images avant de les mettre en ligne et 5 techniques avancées de protection qu’il est possible de mettre en place au niveau de votre site internet.
Nos 10 conseils pour mieux protéger vos images du vol sur votre site internet
- Apposer un ou plusieurs filigranes visibles sur chaque image.
- Intégrer un copyright dans les métadonnées de toute image publiée.
- Afficher clairement des droits d’auteur.
- Limiter la taille en pixels des images mises en ligne.
- Altérer la qualité intrinsèque des images
- Superposer un calque invisible par dessus une image pour empêcher l’enregistrement direct.
- Diviser une image en plusieurs parties superposées.
- Empêcher l’accès direct aux images à partir d’autres sites.
- Bloquer totalement le référencement des images.
- Bloquer l’entraînement des IA sur ses images.
1- Apposer en filigrane une signature comportant votre nom ou votre logo
Publier des images sur internet sans filigrane, c’est comme laisser un paquet de bonbon ouvert devant des enfants.
C’est un dilemme pour beaucoup de photographes : faut-il sacrifier l’intégrité visuelle de son image, au risque d’en altérer l’impact ou l’esthétique, ou accepter de la rendre plus vulnérable au vol en la mettant en ligne sans aucune protection ?
En marquant votre image de façon visible vous affichez clairement sa propriété et réduisez la probabilité qu’elle soit réutilisée.
Les applications de traitement photo professionnelles intègrent souvent la possibilité d’insérer un texte et/ou un logo dans l’image, comme le permettent aussi de petites applications dédiées à cette seule tâche.

Remplir l’image avec un filigrane textuel en semis, comme dans le deuxième visuel ci-dessus : une solution extrême, surtout utilisée pour protéger des images vendues en ligne.
Note : dans ce blog, vous ne trouverez qu’un exemple d’image traitée ainsi, du fait de son unicité, dans le tutoriel sur la réalisation d’un panoramique du Centre Pompidou.
Les parades de l’expert :
– Les filigranes, le plus souvent placés dans les angles des images, peuvent être supprimés avec un recadrage (voir l’enquête dans le 2e volet à venir de ce tutoriel) ou si l’on maitrise un outil de retouche photo.
– Des outils utilisant l’Intelligence artificielle permettent aussi désormais d’effacer les mentions textuelles à l’intérieur d’une image…
2- Intégrer un copyright dans les métadonnées de vos images.
Toute photographie mise en ligne devrait au moins comporter une mention de copyright dans ses métadonnées.
Si cet axiome n’a pas d’incidence directe sur le vol d’image, c’est l’un des moyens qui permet de revendiquer plus facilement la parentalité d’une photographie volée.
Un photographe averti, paramètre son appareil photo (ou son application de traitement d’image) pour que son nom, un copyright ou d’autres informations permettent de le retrouver à partir des métadonnées de ses images.
A ce jour, au niveau des moteurs de recherche, seul Google affiche les données de copyright, si celles-ci ont été correctement intégrées dans les photographies.
Cette indication importante, qui est affichée en dessous de l’agrandissement de l’image sélectionnée, peut faire hésiter certains internautes à se l’approprier ici pour la republier à leur compte.

Quant à la majorité* des réseaux sociaux comme Instagram, Linkedin, TikTok, X (Twitter), …, ils sont, sans surprise, les moins respectueux du droit d’auteur, puisqu’ils suppriment systématiquement ces métadonnées dans chaque publication, encourageant ainsi le vol et la réutilisation de nos images.
*Seuls les sites dédiés aux photographes, comme par exemple, Flickr ou 500px, les conservent.
La « Méta erreur » à éviter sur votre site internet
La plupart des outils d’optimisation d’images, ajoutés sous forme d’extensions dans les CMS, comme WordPress, ont tendance à supprimer les métadonnées.
C’est une des raisons pour laquelle il est conseillé d’optimiser ses images soi-même (voir conseils 4 et 5).
Pour vérifier si vos images en ligne comportent bien une mention de droit d’auteur, Il existe des extensions de navigateur ou de petites applications spécialisées qui permettent d’afficher les métadonnées.
À savoir: il est possible de mettre en place un autre type d’identification caché, tel que le tatouage numérique invisible, qui peut résister à un réenregistrement ou à la republication d’une image sur les réseaux sociaux
IPTC, XMF et EXIF, quel format de métadonnées choisir ?
Google images reconnaît par défaut le standard IPTC dans les images jpg.
Pour tout autre format d’image ou de métadonnées indiqués ci-dessous, il est conseillé de faire un test préalable de référencement.
- JPG : supporte pleinement IPTC, EXIF et XMP .
- WebP : ne supporte pas IPTC en natif ; renseigner le copyright dans les métadonnées XMP (ou EXIF) pour qu’il soit pris en compte.
- PNG : supporte XMP et parfois IPTC, mais la compatibilité IPTC est moins universelle que pour JPG.
3- Afficher clairement vos droits d’auteur
Une grande majorité des internautes est sensée et honnête ; ainsi, afficher un encart textuel indiquant que vos images ne sont pas libres d’utilisation sans votre accord suffit très souvent à les informer, à les dissuader de les réutiliser à leur compte ou à les encourager à vous contacter.
©Le blog des studios : les liens externes sur cet article sont autorisés et appréciés mais toute utilisation de contenu textuel ou d’image provenant de ce site est soumis à autorisation.
Il s’agit d’un moyen assez efficace pour éviter des « emprunts » d’images par méconnaissance du droit d’auteur.
Vous pouvez également indiquer, en légende de chaque image, votre mention de copyright, comme le fait la majorité des sites de presse en ligne.
Note : c’est, de plus, un moyen très efficace pour que les moteurs de recherche associent votre nom à vos photographies.
4- « Dégrader » la qualité de vos images avec une compression importante
Limiter, dans une certaine mesure, la qualité intrinsèque d’une image destinée à l’écran n’altère pas sa perception visuelle.
Surtout, cela participe à réduire les possibilités pour un voleur d’image de la reproduire en plus grand, comme de la revendre sous la forme d’un tirage photo.

Au moment d’exporter votre image jpg (ou webp) pour internet, il est important d’utiliser une application qui permet de choisir son niveau de compression.
Appliquer une valeur comprise entre 50 et 70 sur 100, reste qualitativement très acceptable à l’écran (vous pouvez le constater pour les autres images de ce blog).
La parade de l’expert : Il existe des IA capables d’améliorer très significativement une image, même dégradée…
5- Limiter la taille de publication de vos images en pixels.
Certains photographes, par ignorance, publient leurs images en ligne dans des résolutions trop grandes par rapport à l’affichage de leur site à l’écran.
Pourtant, réduire la taille de son image avant de la mettre en ligne pour la faire correspondre le plus possible à son affichage réel en pixels est vital pour ne pas encourager son piratage.
Il est facile à comprendre que plus une image est grande, plus elle est réutilisable facilement sur différents supports.
Le choix de la taille de publication peut s’avérer cornélien car si une petite taille d’image, par exemple moins de 500 pixels, réduit l’intérêt de la voler et de la réutiliser, cela se fait aussi au détriment de son affichage dans votre site !
Si vous souhaitez protéger un tant soit peu vos photographies contre le vol sur Internet, il ne faut certainement jamais dépasser 1000 pixels pour leur plus grand côté, y compris sur les réseaux sociaux.
Dans ce blog, consacré en grande partie à la photographie, le choix est de conserver une taille honorable des images à l’écran en la limitant à 900 pixels.
6- Superposer un élément transparent par dessus une image
Nous abordons, pour ce sixième conseil et le suivant, une technique de développement liée au rendu visuel sur votre site web.
Cette première astuce de développeur consiste à placer un <div> vide au-dessus de l’image, ce qui rend le clic droit inopérant pour enregistrer directement l’image visible à l’écran.
C’est une solution qui est souvent utilisée par des banques d’images (même si elle ne décourage que les voleurs d’images amateurs).
La parade de l’expert : il existe bien d’autres façons d’enregistrer une image à partir d’un navigateur moderne.
7- Diviser une image en plusieurs parties superposées
Une image de fond, référençable mais incomplète ou altérée (trouée, filigranée, etc.), est judicieusement placée sous un ou plusieurs morceaux d’images détourés (au format png) qui modifient son apparence à l’écran, uniquement dans votre site.
Ce découpage d’une image en plusieurs couches, appelé « slicing » en anglais, pourrait être l’une des solutions les plus dissuasives pour les voleurs d’images visitant votre site, les obligeant à reconstituer un véritable puzzle… s’il n’existait cette satanée capture d’écran.
Néanmoins, même si il apparaît compliqué de l’appliquer à toutes les images d’un site, cette technique d’affichage s’avère très efficace contre le vol ou l’utilisation d’une image à distance :
- Elle permet de contrecarrer les détrousseurs d’images qui se servent directement dans les résultats de Google, ou dans ceux d’un moteur d’Intelligence Artificielle comme perplexity.ai, sans même avoir à visiter votre site !
- Elle mine la pratique du « hotlinking » expliquée dans le conseil n°8 suivant.
Exemple d’une utilisation ciblée du slicing
Cette technique de découpage d’image a été utilisée dans un article de ce blog consacré a des portraits réalisés avec Stable Diffusion pour un rendu d’IA au contenu explicite, afin de se protéger des « dérobeurs de roberts ». Des seins, visibles dans l’un des portraits, ne pourront jamais apparaître dans les moteurs de recherche, car l’image principale placée sur le calque inférieur intègre de plus prudes étoiles à la place !

8- Empêcher l’accès direct à vos images via des sites extérieurs
Le « hotlinking » est une technique de piratage à partir de sites tiers qui utilisent directement des liens sur les url de vos images pour les afficher dans leur site.
Cela leur permet d’économiser de la bande passante et de profiter de votre hébergement.
Ce sont, le plus souvent, des sites qui ont une durée de vie limitée mais qui essaient de vendre vos images en ligne !
Pour empêcher cette pratique, il est préférable d’avoir identifié ces sites préalablement (voir section du tutoriel (à venir) évoquant une technique de traque du hotlinking).
Par exemple, le code à insérer dans le .htaccess de votre site pour vous protéger du site « voleurdimage.com » ressemblera à cela :
RewriteEngine On
RewriteCond %{HTTP_REFERER} ^https?://(www.)?voleurdimage.com/ [NC]
RewriteRule .(jpe?g|png|gif|webp)$ - [F,NC,L]
Avec cette technique, vous pourrez bloquer l’accès à vos images à autant de sites que vous souhaitez, y compris à des forums de discussion qui permettent cette pratique.
Conseils d’expert :
– Pour rendre la monnaie de leur pièce aux sites toxiques, il est possible d’afficher une image de votre choix à la place de toutes vos images piratées.
– Une technique avancée consiste à empêcher le hotlinking pour la totalité d’internet et n’autoriser l’affichage des images que dans votre site et dans une liste de sites ou de moteurs de recherche choisis.
9- Bloquer le référencement de ses images
Empêcher la découverte et le vol de vos images à partir des moteurs de recherche.
Cette solution radicale consiste à mettre un code spécifique à la racine de votre site dans le fichier .htaccess (préférable au fichier robots.txt) pour empêcher des moteurs de recherche de référencer vos images mais cela peut vous faire perdre de nombreux visiteurs !
10 – Bloquer l’entraînement des IA sur ses images
Actuellement, les intelligences artificielles constituent les voleuses d’images les plus redoutables et efficaces de la planète car elles copient absolument toutes les photographies qu’elles rencontrent et les régurgitent ensuite sous une autre forme, qui rend impossible l’identification des images originales…
Une solution consiste à leur demander de ne pas entraîner leurs modèles sur vos créations, mais vous n’aurez jamais la certitude qu’elle ne le ferons pas quand même !
Cela passe par ajouter des règles spécifiques dans le fichier robots.txt à la racine de votre site, pour bloquer les robots d’indexation des IA connues.
Par exemple, pour le GPTBot d’OpenAI, il faudra ajouter :
User-agent: GPTBot
Disallow: /
Conseil d’expert : il est aussi possible de bloquer plus efficacement des robots d’IA au niveau du .htaccess de votre site.
En appliquant au moins les cinq premiers conseils de ce tutoriel sur le formatage de vos images destinées à votre site internet ou aux réseaux sociaux, vous posez déjà les bases d’une stratégie dissuasive contre le vol — sans toutefois pouvoir l’éliminer complètement.
La suite logique, si vous souhaitez aller plus loin dans la protection de vos droits d’auteur, consiste à apprendre à trouver les utilisations frauduleuses de vos images.
C’est précisément l’objet du deuxième volet de notre dossier « Comment se protéger du vol d’images sur Internet » avec le tutoriel [à venir très prochainement] « Comment traquer les voleurs d’images sur internet ? ».