Redresser les verticales en photographie d’architecture

les verticales en photographie architecture

Comment donner un rendu plus professionnel à ses photographies d’architecture grâce au redressement de ses images ?

La correction de perspective

Pour se rapprocher des vues en perspective des architectes, ou de la perception de la réalité que nous avons grâce à notre cerveau, il est d’usage, pour la photo d’architecture professionnelle, de fixer le plan horizontal et faire en sorte que toutes les verticales des images soit bien parallèles. 

A moins de disposer d’un objectif photo spécialisé, dit à décentrement, qui permet dès la prise de vue de cadrer directement son image tout en conservant les verticales, il faut savoir anticiper le redressement et/ou le recadrage que l’on devra opérer sur ses images réalisées avec un objectif normal. 

Le redressement des verticales pour les images d’architecture 

Vue en perspective de la cité Michelet à Paris

Pouvoir redresser ses images avec des applications est possible très facilement depuis l’avènement le photographie numérique mais cela nécessite quelques pré-requis. 

Réaliser des photos bien droites 

Le trépied est l’outil indispensable pour maîtriser au mieux les axes principaux qui rendent les photographies d’architecture plus professionnelles : horizontalité, verticalité, et profondeur (dont dépend la perpendicularité). 

Obligatoire pour la photographie d’architecture intérieure, du fait d’expositions souvent plus longues, ou pour réaliser des multi-expositions comme pour le HDR, le trépied est aussi conseillé en extérieur car la prise de vue à main levée s’avère parfois difficile à maîtriser sur plusieurs axes. 

L’horizontalité 

A moins d’avoir une approche délibérément artistique, il faut prendre soin de positionner son appareil photo le plus horizontalement possible. 
Pour cela il faut toujours activer (c’est valable aussi pour les smartphones) le sur-affichage du niveau horizontal virtuel dans son viseur/écran ou, à défaut, utiliser les bulles de niveaux présentes sur certains trépieds. 

Ensuite, il suffit de composer son image puis de faire pivoter légèrement son appareil afin que le marqueur horizontal s’aligne au centre de l’écran. 

contrôle d'horizontalité sur une photographie d'architecture
Exemple de prise de vue d’immeubles ou l’horizontalité a été respectée.

La verticalité 

A partir du moment ou vous avez positionné votre appareil photo de façon horizontale, vous obtenez aussi une première verticale perpendiculaire en son centre. 

Pour obtenir alors une verticalité parfaite sur la totalité de votre photographie, vous avez deux possibilités : 

1. Soit composer votre photo en faisant pivoter votre appareil sur l’axe horizontal, de telle façon que toutes les verticales soient bien parallèles. 

Voir les pré-requis dans la partie « simulation d’objectif à décentrement ». 

2. Soit réaliser votre photo « normalement » et redresser ensuite les verticales avec une application de retouche photo qui propose un outil dédié à cela. 

Ce choix implique la prise en compte d’une zone hors cadre de chaque coté de votre image, voir le concept du « décadrage ». 

ajustement de la verticalité pour une photographie d'architecture
Exemple de rotation d’une photographie sur l’axe central horizontal afin d’obtenir des verticales parallèles.

La perpendicularité 

Notre monde est en trois dimensions et votre appareil photo n’échappe pas à cette règle !
En photo architecture, on alterne souvent entre des photos prises de face, comme pour un plan d’élévation d’architecte, ou au contraire avec des angles marqués qui accentuent la perspective. 

Quand vous voulez photographier un bâtiment parfaitement de face, ou une pièce intérieure de façon perpendiculaire à un mur, il faut penser à faire pivoter précisément son appareil sur l’axe vertical. 

Même avec un trépied, il n’est pas toujours facile de maitriser précisément ce 3e axe de rotation, car il n’existe pas d’outil magique sur votre appareil photo pour vous aider, à part afficher une grille dans le viseur et essayer d’aligner visuellement les lignes horizontales du bâtiment photographié.

En photographie à main levée, cela demande une concentration considérable d’arriver à maitriser la perpendicularité, en même temps que l’horizontalité et la verticalité, et cela se fait très souvent au détriment de l’attention que l’on devrait porter prioritairement à la composition de l’image. 

correction de perpendicularité sur une photographie d'architecture
Exemple de rotation d’une image sur l’axe vertical pour créer une vue parfaitement perpendiculaire aux façades. 

6 conseils pour maîtriser le redressement des verticales pour vos photos d’architecture

La cité Michelet à Paris

Le redressement des verticales en photographie d’architecture extérieure, qu’il soit réalisé au moment de la prise de vue, ou après, peut impliquer un recadrage assez conséquent des images.  

1. Simuler un objectif à décentrement 

Rendre les verticales parallèles est possible au moment de la prise de vue mais dépend de plusieurs facteurs limitants : la taille des bâtiments photographiés, la focale de votre objectif, le recul dont vous disposez et la hauteur à laquelle vous vous situez. 

simuler un objectif à décentrement

Quand vous alignez votre appareil selon l’axe horizontal et vertical, le point central de votre image est situé à votre hauteur de prise de vue. 

Cela signifie que si vous voulez prendre en photo de très hauts bâtiments en entier à partir du sol, en respectant ces deux axes, il vous faudra peut-être supprimer jusqu’à 40% de la partie inférieure de l’image lors de son traitement
C’est pourquoi Il est préférable de disposer d’un appareil photo de haute résolution pour appliquer cette technique de photographie. 

simulation d'un objectif à décentrement

Dans cet exemple, je suis monté sur un muret pour élever un peu le point central de l’image et réduire légèrement l’importance de la zone du sol. 
Ici, le motif du sol est très graphique et pourrait être en grande partie conservé, mais dans la plupart des cas ou l’on va effectuer un recadrage serré sur le bâtiment, le tiers inférieur de l’image ayant peu d’intérêt devra être supprimé. 

Conseils de Pro

En extérieur
1. Se positionner en hauteur permet d’optimiser cette technique de photographie. 
2. Rester vigilant concernant la mise au point sur le principal bâtiment photographié. 

En intérieur

En plaçant son appareil à mi-hauteur d’un plafond vous obtiendrez une image directement exploitable, avec une part équivalente de plafond et de sol, qui ne nécessitera pas de recadrage obligatoire. 

2. Prévoir le recadrage post-prise de vue

Au moment de réaliser sa prise de vue d’architecture, si on ne peut pas appliquer la technique du décentrement expliquée précédemment, il faut savoir anticiper le redressement des verticales que l’on va réaliser plus tard avec son application de retouche photo. 

Il faut donc toujours prévoir une zone plus grande que son cadrage idéal, de chaque coté de l’image, car celle-ci, une fois redressée, aura une forme trapézoïdale et son recadrage sera alors obligatoire. 


précadrage d'une prise de vue de l'ilot Eiffel à Créteil

Exemple de prise de vue à la zone de cadrage augmentée en prévision du redressement de l’image. 
Le poteau est conservé puisque une fois redressé, il va « libérer » une partie de ciel à droite de l’image. 

recadrage îlot Eiffel à Créteil

Exemple d’un recadrage effectué dans une photographie de L’îlot Eiffel à Créteil, redressée sur les axes horizontaux et verticaux. 

Conseils de Pro : la technique du « décadrage »
Si j’ai inventé ce terme (qui n’existe pas en photographie) c’est pour proposer, lors de mes formations individuelles de photographie d’architecture, une solution pour apprendre à prévoir, sans dénaturer son idée de composition, une zone hors cadre au moment de la prise de vue.

Si vous disposez d’un zoom, ou à défaut, d’une focale fixe et de jambes pour vous déplacer, voici comment appliquer la technique du « décadrage » : 

  1. Vous réalisez votre composition et votre cadrage idéal dans un premier temps, 
  2. Dans un second temps, soit vous pouvez dézoomez un peu, soit vous prenez du recul, afin de créer dans l’image votre future zone de recadrage.
  3. Lors du redressement de l’image, vous pourrez retrouver plus facilement la composition proche de votre intention originale. 

3. Limiter l’angle de prise de vue vertical

tour vue de dessous à la cité Michelet à Paris

Le redressement des verticales, même logiciel, à certaines limites. 
Au delà d’un angle de 20° des verticales sur les cotés de votre image il va être plus compliqué d’obtenir un bon résultat après son redressement, car la zone de recadrage possible va se réduire énormément. 

recadrage d'une tour redressée dans DxO

Exemple de la photographie d’un immeuble redressée d’un angle de 22,5°  quasiment impossible à recadrer.

Si vous ne disposez pas d’un objectif grand angle inférieur à 24 mm, vous allez rencontrer beaucoup de situations dans lesquelles il faudra oublier l’idée de redresser certaines de vos images d’architecture. 

Conseils de Pro
Pour anticiper un fort redressement, dès la prise de vue, réserver au moins la moitié de son image (1/4 de chaque coté) pour le recadrage ultérieur.

4. Centrer les bâtiments sphériques

Place de l'Hôtel de ville de Créteil

Les constructions à profil sphériques, comme certaines tours, ont une déformation souvent plus dérangeante que les bâtiments parallélépipédiques, lorsqu’elles sont photographiées avec un objectif grand angle et qu’elles sont proches des bords d’une image. 


Leur redressement accentuant encore plus la déformation optique due à l’objectif, il est préférable de les placer dans le tiers central de l’image, quitte à prévoir ensuite un recadrage important. 


déformation d'une construction cylindrique placée sur un coté de l'image

Exemple de l’hôtel de ville de Créteil déformé du fait d’une composition plaçant sa tour cylindrique trop près d’un coté de l’image. 

Conseils de Pro

Pour une composition décentrée de bâtiments sphériques, la technique du « décadrage » évoquée précédemment doit être adaptée, puisqu’il ne s’agit plus simplement d’agrandir le champ de l’image à partir du seul axe de profondeur : 
1. Composer et cadrer son image. 
2. Recentrer son objectif sur la zone comportant les bâtiments sphériques. 
3. Dézoomer ou prendre le recul nécessaire : 
    1. En faisant en sorte que les bâtiments sphériques ne dépassent pas du tiers central de l’image. 
    2. En veillant à retrouver tous les éléments contenus dans son cadrage initial. 
4. Redresser l’image avec son application de retouche photo et puis la recadrer selon son idée de composition initiale. 

Centrage puis recadrage des tours les choux Creteil

Exemple de centrage des tours rondes (Les Choux de Gérard Grandval à Créteil), en prévision d’un léger redressement assorti d’un recadrage décentré (à droite) sans déformation visuelle perceptible.

déformation des tours les choux à Creteil

Exemple d’une déformation des tours rondes à Créteil, placées trop près des cotés de l’image et impossible à corriger lors du redressement (à droite). 

5. S’éloigner pour supprimer les déformations 

Tours les choux au bord du plan d'eau de Créteil

Un fort éloignement et l’utilisation d’une grande focale permet de supprimer facilement les déformations en plus de ne pas nécessiter de redressement des images. 
Mais la conséquence est aussi de réduire l’effet de perspective et de limiter les angles de vues. 

Hôtel de ville de Créteil

Exemples de composition centrée de l’Hotel de ville de Créteil avec un fort éloignement supprimant toute déformation. 

6. Contrôler la profondeur de champ

En photographie d’architecture de jour en extérieur, dès lors que l’on dispose de plus d’une dizaine de mètre de recul, il y a peu de risque de connaître des problèmes de profondeur de champ si on utilise des objectifs grand-angle jusqu’au 24 mm, y compris avec des ouvertures inférieure à 8. 


Dans d’autres conditions, avec des focales plus grandes, dans des cas de faible luminosité, de peu de recul, ou lors de l’utilisation d’appareils photos à petits capteurs APS-C, il convient de rester plus vigilant, car au moment de redresser les verticales d’un building, on s’attend forcément à ce que son sommet soit aussi net que sa base !

Conseils de Pro
– Privilégier des ouvertures supérieures à 8.
– Faire la mise au point au moins au tiers de la hauteur des bâtiments photographiés. 
– Avoir toujours sur soi une petite application comme Simple DOF (sur Iphone) qui permet de connaître très facilement la profondeur de champ en fonction de l’ouverture de son objectif et de la distance de la zone mise au point. 

Maîtriser la photographie d’architecture grâce à un cours particulier ?

Composition, lumière, contextualisation, autant de principes fondamentaux de la photographie qui concernent aussi la photographie d’architecture. 

Je propose plusieurs formations individualisées pour les photographes voulant se perfectionner, comme pour les professionnels-les ayant un métier en lien avec l’architecture ou le secteur immobilier : architectes, décorateurs, agents immobiliers, … 

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Tutoriel proposé par le photographe d’architecture Thierry Allard
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D’autres tutos liés à la photographie d’architecture pourraient vous intéresser comme : Sous-exposer une prise de vue d’architecture à contre-jour

Pourquoi les plus grands professionnels de la photographie d’architecture respectent les trois axes au moment de la prise de vue ? 

Parce que la rotation ou le redressement d’une image numérique effectuée en post production avec un logiciel peut venir ajouter des artefacts et influer sur la netteté des contours. 

Les capteurs numériques de nos appareils photo produisent des images composés de pixels au format carré. 
Une première correction logicielle visant à corriger la déformation des images due à l’objectif (l’aberration optique), peut déjà constituer une légère dégradation de l’image. 
Si on ajoute une rotation ou d’autres redressements numériques sur une photographie, celle-ci doit alors être ré-interpollée, les pixels carrés subissant virtuellement une déformation puis une recomposition. 
Cela peut altérer la netteté des lignes droites, assez fréquentes en architecture !

Selon l’angle d’inclinaison à corriger, les artefacts créés par une correction logicielle seront plus ou moins importants. 
Malheureusement une image très légèrement penchée de quelques degrés risquera de perdre plus de netteté lors de son redressement qu’une image plus franchement inclinée !

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